Découverte du parc du moulin de Kérouzéré

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Aux derniers jours de l’hiver, le printemps s’invite… Avec cette magnifique lumière, quoi de mieux que de découvrir une pépite architecturale et botanique… Je vous emmène au Moulin de Kérouzéré, au coeur de la Vallée du Guillec, pour une visite flamboyante !

Sur les berges du Guillec, je rencontre le propriétaire du Moulin de Kérouzéré. Celui-ci me raconte sa découverte en 2005 : un édifice en partie en ruines sous une pluie de lierres. Depuis quatorze ans, pierre après pierre, le moulin reprend forme. Des poutres sont venues de Blois en semi-remorque…. Afin de conserver l’origine du bâtiment, les charpentes ont été retracées, coupées dans du vieux bois...

moulin de kerouzere 5

Datant de 1460, le moulin, le plus puissant de la vallée, appartenait au Château de Kérouzéré. Les habitants avaient obligation de verser des banalités au seigneur pour l’utilisation obligatoire de ses propriétés. Ainsi, ce droit féodal s’appliquait au Moulin de Kérouzéré et les paysans devaient payer cette taxe. Le meunier percevait, tout de même, une partie de la farine en paiement de son travail. Sur place, se trouvait une écurie (partie de l’actuelle maison).

Entre la partie habitée et la partie moulin trône comme un miroir en pied une magnifique cheminée en pierre. Chose aisée d’imaginer les villageois aller et venir autour de ce foyer…

Attenant à la maison, le moulin bénéficie d’une roue de 4m20 de diamètre, capable de produire l’électricité. Le propriétaire s’affaire à mettre minutieusement en valeur ses rouages. Ainsi, pour la Journée du Patrimoine de Pays et des Moulins, mise sous verre et mise en lumière dévoileront chaque détail de ce dispositif.

moulin de kérouzéré

Dans le moulin, une pierre originaire de Moguériec, travaillée par les tailleurs de pierre et sculpteurs, rappelle que la vallée est tournée vers la mer.

Si déjà, la magie a opéré autour de ce magnifique édifice… Autant dire que ce que je m’apprête à explorer est à couper le souffle ! Guidée par le maître des lieux, je m’aventure maintenant dans le parc de sept hectares. Cette réserve botanique abrite plus de 2400 plantes.

Pépiniéristes et botanistes viennent, ici, tester des variétés ou chercher des boutures. En effet, des plantes de tous les pays, parfois arrivées en graine, sans nom, sont ici en expérimentation. En fonction de son comportement dans ce biotope, le végétal peut être commercialisé en plante de haie ou autre. L’horticulture est un secteur qui compte en Bretagne. La production- fourniture, spécialement sur les plantes de terre de bruyère, positionne en tête notre territoire.

camelia kérouzéré

Près de 600 camélias poussent autour du Guillec. Outre, par exemple, les collections qui viennent du Portugal, certaines variétés se distinguent : le camélia de Brocéliande à la fleur un peu tubulaire, ouverte, avec les étamines d’un jaune profond ; le camélia Transnokoensis, botanique rarement si haut, à floraison rapide et faisant le bonheur des compositions florales. Parmi ces Theaceae, mon coup de coeur est un camélia à la qualité exceptionnelle… des couleurs profondes, une larme de rouge à l’intérieur des étamines… Quelle splendeur !

Le propriétaire m’explique qu’issues du même croisement en hybridation, les graines, qui ont levées, ont donné naissance à trois nouvelles variétés différentes dont le camélia Louise du Keef, le camélia P’tit Zef et le camélia Evelyne de Chailles. Le P’tit Zef a notamment été salué par la Société Bretonne du Camélia et présenté lors de l'International Camellia Society qui s’est tenue l’année dernière au Conservatoire Botanique National de Brest. Quant au Evelyne de Chailles, celui-ci est dédié à la propriétaire du site.

Les 150 magnolias du parc aident à l’entretien. En effet, ces feuilles sont des désherbants naturels. Dans cet époustouflant environnement, ayant enfin atteint sa maturité, le magnolia Campbellii, originaire du Nord de l’Inde, offre ses 1ères fleurs…. Quel spectacle pour les yeux !

magnolia campbellii

Chez les Magnoliaceae, venant de Nouvelle-Zélande, remarquablement florifère, le michelia présente des corolles délicieusement parfumées. Aussi de Nouvelle-Zélande, avec plus ou moins de pédoncules, à la floraison terrible, espacée dans le temps, deux hybrides se parent pour l’un de rose, pour l’autre de crème.

Une impressionnante collection de rhododendrons, vivant naturellement sur les contreforts chinois ou américains, exploseront de couleurs au printemps. Il y en a un qui surprend pour son utilisation : communément appelé la cuillère chinoise, les feuilles légèrement courbées vers l’intérieur étaient utilisées par les chinois comme cuillères.

Autour de ces arbustes vivent paisiblement des arbres aux particularités uniques. Le chêne de l’Archipel des Kouriles conserve ses feuilles (50/60 cm). Ces dernières tombent uniquement à l’apparition des bourgeons. Son cousin, juste à côté, un chêne également, porte des feuilles démarrant comme des aiguilles de pin. Plus loin, l’hamamélis ou noisetier des sorcières et le noisetier du chili sont deux arbres fruitiers totalement différents du noisetier habituellement rencontré. Le premier, résistant à moins 25°C, originaire des contreforts de l’Himalaya chinois, fleurit l’hiver. Le second, du Chili, habitué à des températures atteignant les 40°C, forme des feuilles persistantes édentées. Deux espèces de la même famille… Aucune ressemblance !

De tout horizon, de forme unique, de caractéristique propre, j’ai aussi croisé, au port étagé, informable, faisant ce qu’il veut, le cornus controversa pagoda ; aux fleurs nuancées du blanc au rose et au parfum enchanteur le daphné  ; d’Australie, qui donnera bientôt des corolles comme des chrysanthèmes rouges, l’opera ; d’Argentine, du Brésil, pouvant monter jusqu’à 80 m, s’enroulant et s’appuyant sur les plants voisins pour grandir, le bambou étrangleur. Un arbre me frappe singulièrement : mon guide me raconte qu’après avoir semé 100 graines récupérées sur un sapin vivant en France, seuls 2 pins Caultier ont levé. L’histoire de ce pin est incroyable ! Espèce possédant les cônes les plus lourds, jusqu’à 2,5 kg ! Les pommes sont intouchables car munies de robustes épines. Elles ne peuvent se régénérer que si le feu passe dessus. Ceci explique, que malgré les grands feux en Californie, la nature reprend vie !

Plus haut, dans le parc, baigné de soleil, sont en culture 55 poivriers du Sichuan et des rangées de théiers. Au feuillage vert brillant et aromatique, le poivrier, pourvu d’épines aux 4 angles des branches, donne environ 2,8 kg de poivre vert. Ceci permet donc d’obtenir presque de 600 g de poivre noir. Le poivrier de Tasmanie, lui, vit en couple ! Mâle et femelle permettent la fécondité donc la récolte. La difficulté de cette variété est que, quelques fois, le mâle fleurit après la femelle, ayant donc une incidence sur la formation de baies. En ce qui concerne le théier, camélia chinois, le propriétaire peut espérer, quand les plants atteindront 1m de haut, une cueillette de 200kg de feuilles de thé sec. Pour la Journée du Patrimoine de Pays et des Moulins, une première dégustation de thé et de poivre sera proposée !

poivrier

Vous l’aurez compris ! Ce lieu unique vous conte une histoire et des histoires ! Tout près de chez nous se cache un paradis d’intérêt culturel, esthétique et horticole ! J’espère vous avoir fait partagé la passion du propriétaire pour son moulin et surtout pour cette végétation luxuriante ! Un sincère voyage tant il y a à observer, sentir, entendre, toucher ! Je ne vous cache pas que j’ai un net penchant pour les plantes de terre de bruyère et rien que de penser à ce moment mémorable j’ai encore des étoiles plein les yeux….

Pratique : Visite extérieure libre toute l’année- merci de respecter la propriété.
Visites guidées lors des Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins en juin et des Journées Européennes du Patrimoine en septembre.
Visites guidées possibles pour groupes scolaires et associatifs sur demande.

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